Oups ! Je ne suis pas bilingue anglais
À celles et ceux qui ne sont pas parfaitement bilingues, ce billet est pour vous. En effet, participer à un tournage dans la langue de Shakespeare fait peur. Très peur… Du moins, quand c’est la première fois.
De la déception d’une opportunité qui nous passe sous le nez à la frustration car nous n’avons pas osé, peut-on parler d’un complexe avec l’anglais pour nous, techniciens Français ? Cela peut se comprendre quand on ne maîtrise pas une des langues les plus parlées au monde.
Sachez que les classements varient d’un site à l’autre selon les critères pris en compte mais dans l’absolu, le Français est souvent relégué… Pourtant, certaines études affirment que la langue de Molière est la troisième langue des affaires dans le monde. Cocorico ! Mais revenons au sujet…
Vous avez l’impression de ne pas avoir le niveau ? Lacunes en vocabulaire et en grammaire… Sans oublier les verbes irréguliers, les question-tags et autres locutions alambiquées… Mais par-dessus tout, l’accent et la crainte du ridicule ! Je ne sais pas vous mais avec cette impression de parler comme un enfant de 4 ans à faire fuir Rowan Atkinson lui-même, nous n’osons souvent pas nous « lancer ».
Rassurez-vous. Vous pouvez travailler en anglais, en France (les occasions sont rares mais elles existent) et à l’étranger bien sûr. Voici quelques astuces pour vous aider.
ANNONCEZ « LA COULEUR »
Dès le premier contact avec la production et le réalisateur pour un projet en anglais, annoncez que vous n’êtes pas bilingues mais que vous vous « débrouillez » (idem sur votre CV) et que vous apprenez vite. Le faire avant qu’on vous pose la question est définitivement une bonne chose. Cela relâchera d’emblée la pression de votre côté et mettra au diapason votre interlocuteur. À cet instant, c’est ce dernier qui vous fera part de ses besoins. Certains films exigent un anglais parfait (vous passerez alors votre chemin), d’autres non (vous avez potentiellement le profil) !
Dans certains cas même, mettre en avant l’hypothèse d’un second et/ou troisième assistant bilingue peut vous faire gagner des points pour la gestion des figurants par exemple. Bien évidemment, si vous avez déjà eu une expérience pro en anglais, même courte, mentionnez-le.
L’ACCENT « FRENCHIE »
Tout d’abord, vous devez assumer, voir revendiquer, votre accent français. C’est une des premières valeurs ajoutées des Français qui travaillent avec les anglophones natifs ou non-natifs. On trouve notre accent ridicule !? Pourtant, ils l’adorent ! C’est le fameux côté « so sexy ». Allez savoir pourquoi mais il en est ainsi. Sans parler de l’aura de la France à l’étranger (gastronomie, luxe, Paris…) qui nous procure de facto un capital sympathie.
Ensuite, évitez surtout d’imiter l’anglais américain ou britannique si vous ne le maitrisez pas car vous serez encore moins compréhensibles. Pour autant, il faut tout de même faire un petit effort sur l’accent tonique, l’intonation et la prononciation (en articulant déjà). Sur ce dernier point, la phonologie de l’anglais comporte certaines consonnes et voyelles qui peuvent se prononcer de plusieurs manières. Pas simple !
Pour en savoir plus, vous pouvez regarder ici et là.LA « BASCULE »
Une chose est sûre, quand on arrive en immersion dans un environnement anglophone et passé quelques jours, notre anglais même rudimentaire devient naturellement plus fluide. En effet, en dehors et pendant les horaires de travail à l’étranger, nous n’avons plus le français en sauvegarde. Du café pris en terrasse au petit matin à l’apéro du soir, seul ou accompagné, il faut se débrouiller en anglais à chaque instant. Il n’y a pas de secret, c’est là qu’on apprend vite pour peu qu’on soit curieux et attentif. Ceci toutefois au prix d’une grande fatigue en fin de journée car la concentration nécessaire, pour comprendre et mémoriser, consomme beaucoup d’énergie en plus de faire son propre travail. Prenez sur vous, ça ira déjà mieux le lendemain.
FAITES DES ERREURS
Clairement, la seconde valeur ajoutée pour le francophone non bilingue qui part bosser à l’étranger. C’est normal et il ne faut pas en rougir. Il vaut mieux parler en faisant des erreurs que de ne rien dire du tout. Ces dernières sont la plupart du temps très drôles pour votre auditeur qui se chargera généralement de vous corriger afin de ne pas les commettre deux fois. S’il ne le fait pas, n’hésitez pas à lui demander. Le fameux adage « apprendre de ses erreurs » prend alors tout son sens.
Par conséquent, il faut absolument éviter de faire semblant de comprendre (et de savoir dans l’absolu). Cela pourrait avoir des conséquences plus ou moins dramatiques dans une configuration professionnelle. C’est le bon sens même. N’hésitez donc pas à faire répéter votre interlocuteur ou à lui demander de parler plus lentement…
DURANT LES ÉTAPES DE LA PRODUCTION
De la lecture du scénario au travail de bureau, on arrive souvent à se débrouiller. Le petit dictionnaire de poche ou en ligne n’est jamais loin. En lecture technique ou en repérage par contre, c’est moins évident d’écouter et de se concentrer sur plusieurs échanges à la fois quand on n’est pas parfaitement bilingue. Astuce, demandez à votre second ou troisième d’être à l’écoute des conversations annexes, il vous rapportera ensuite l’essentiel à savoir. En parallèle, concentrez-vous sur celle qui est la plus importante pour vous dans une situation précise.
Prenez aussi le temps de parcourir internet, notamment sur le réseau Pinterest (réseau de partage d’images) où vous trouverez un nombre impressionnant d’infographies divers sur l’anglais et ses applications. Comment dit-on le coffre d’un véhicule de jeu ? Une joue d’un corps humain ? Ou encore le toit d’une maison ? Maîtriser tout ou partie du vocabulaire des éléments majeurs du scénario pourra vous servir.
En tournage, on se mettra bien sûr un peu la pression quelques jours avant le premier jour pour se remettre en mémoire les termes anglais du plateau. Ce sont souvent les mêmes qui reviennent à chaque plan. Dès le second jour, vous aurez compris la mécanique linguistique et vous pourrez commencer à travailler sur d’autres points à améliorer. N’hésitez pas à visiter les glossaires de l’AFAR et ceux d’ARA. On vous recommande aussi le glossaire en ligne The CineDico et papier (Le glossaire bilingue français-anglais/anglais-français du cinéma et de la vidéo – 2008 – Bernard Guiraud).
APPRENEZ À DIRE L’HEURE…
Ça paraît totalement évident mais c’est souvent la première chose qu’on oublie de revoir avant d’être sur le terrain. Pratique quand on est assistant réalisateur. :)
AU QUOTIDIEN
Apprendre l’anglais, c’est aussi au quotidien pendant les loisirs. Quelques exemples bien connus pour la plupart : regarder les films en version originale (VO) sous-titrée anglais / français selon votre niveau, lire des articles en anglais sur le web et consulter un dictionnaire dès qu’on ne comprend pas un mot, jouer à des jeux vidéos en anglais, écouter des livres audio en anglais dans les transports ou encore lire les paroles (lyrics) d’une chanson pendant qu’on l’écoute avec Musixmatch par exemple… Bref, il y en a pour tous les goûts.
Pour terminer, faites-vous confiance, travaillez et lancez-vous ! :)
D’autres articles externes sur le sujet :
Quelles sont les 10 langues les plus parlées au monde ? (Ipac)
Les 6 langues les plus parlées en Europe (Yuqo)
Les pays où l’on parle le plus de langues (Statista)
Le vocabulaire à connaitre pour un voyage en Angleterre (Evaneos)
Les expressions et proverbes anglais (Ef)
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« Les Français ont quelques problèmes avec l’anglais au boulot » (vidéo France Info ci-dessous)