Les Lois de la Productivité (appliquées aux tournages)

Un film, c’est une histoire, de l’émotion, des sensations. Mais FAIRE un film, c’est de l’organisation, une économie et de la rentabilité ! 

Plusieurs économistes et/ou chercheurs se sont penchés sur diverses solutions pour être toujours plus performants. Rappelez-vous vos cours d’éco : le taylorisme, le marxisme, le fordisme… Ils sont nombreux à vouloir faire entrer plus de chose dans encore moins de temps (et inversement). 

Nous avons décidé de regrouper ici et pour vous TOUTES les Lois de la Productivité”.

Ainsi, en les appliquant aux tournages, avec des exemples concrets, qui vous sont ici proposés, vous deviendrez une tout autre personne.


  • La Loi de Murphy (la plus célèbre)

« Tout ce qui est susceptible de mal tourner tournera mal ».

C’est LA loi des pessimistes et des gens terre-à-terre. On l’appelle aussi “loi de l’emmerdement maximum” ou “loi de la tartine beurrée”. Elle est attribuée à Edward A. Murphy Jr., un ingénieur aérospatial américain qui travaillait sur un projet de l’US Air Force en 1949. Selon la légende, lors d’un test, un technicien a mal installé des capteurs, ce qui a conduit Murphy à dire quelque chose comme : « Si ce type peut se tromper, il le fera. »

En tournage, prévoyez toujours le pire et espérez qu’il n’arrive jamais. Faites très attention avec les alertes que vous lancerez à vos collègues, car quelqu’un qui annonce toujours une catastrophe ne sera plus entendu (effet Don’t look up). Faites confiance, posez les bonnes questions, restez calmes et tout devrait bien se passer.

  • La Loi d’Hofstadter

« Il faut toujours plus de temps que prévu, même en tenant compte de la loi de Hofstadter ».

Le scientifique américain Douglas Hofstadter a sûrement formulé l’une des lois les plus drôles ! Dites-vous que quoi que vous fassiez, ça prendra toujours plus de temps que prévu. C’est pourquoi sa loi est aussi appelée “Loi de glissement de planning”, très célèbre dans le BTP ! Gardez aussi à l’esprit la Loi de De Niro dans Ronin “Le plan, c’est pas le terrain” ! En gros, Hofstadter vous conseille de faire attention aux timings trop serrés et préoconise d’anticiper des marges d’erreur. Tel Cameron Poe dans Les Ailes de l’enfer votre phrase fétiche est peut-être « Je n’ai confiance qu’en deux personnes, la première c’est moi et l’autre c’est pas toi ». Mais faites un effort et faites confiance à votre équipe. Si les chefs de postes vous annoncent un certain temps pour une installation, prenez cela en compte. Et, n’oubliant pas que « la confiance n’exclut pas le contrôle », ajoutez-y quand même quelques minutes. Mais attention ! En pratique, il faut savoir être fin ajusteur. Car si vous prenez trop de marges, la fois d’après on ne vous écoutera plus. Si vous n’en prenez pas assez, tout le monde vous tombera dessus.

  • La Loi de Brooks

« Ajoutez des personnes à un projet en retard ne fera qu’accroitre le retard ».

Frederick Brooks était ingénieur chez IBM quand il s’est rendu compte que ce n’est pas parce qu’on ajoute des collaborateurs pour écoper le retard d’un projet qu’on va forcément plus vite. Et pour cause : si vous avez mal jugé la faisabilité du projet, vous allez devoir former des gens alors que le train est déjà en marche. Tout le monde le sait, c’est la formation qui prend le plus de temps dans n’importe quelle entreprise. Donc, sondez vos chefs de postes pour ne pas être en sous effectif. Et chassez de votre idée que “tout travail mérite stagiaire”, car ces petits êtres ne seront JAMAIS la solution à votre problème d’effectif. Peut-être la solution se trouvera dans l’augmentation du temps alloué à certaines tâches avec le même effectif déjà formé au projet, c’est du moins ce que préconise Brooks. Aussi, pensez à recruter votre équipe au bon moment : réduire les temps de préparation dans un souci d’économie peut vous coûter plus cher à la fin, car votre équipe n’aura pas eu assez de temps pour se former au projet.


  • La Loi de Parkinson

« Le travail se dilate jusqu’à occuper tout le temps disponible pour l’accomplir ».

Vous avez compris l’idée… Plus on a de temps et plus on en prend ! C’est pour ça qu’un comédien n’est toujours pas prêt pour sa prochaine séquence, parce que “on a le temps, ça vaaaaa”.

On doit cette loi à Cyril Northcote Parkinson, essayiste britannique. Pour contrer son effet, commencez par lister et hiérarchiser ce que vous avez à faire dans la journée (une to-do list ne fait de mal à personne). Estimez le temps nécessaire pour chaque tâche à accomplir ou pour chaque séquence à tourner. Questionnez les chefs de poste, en vous assurant de n’oublier aucun détail. Faites attention aux distances à parcourir et prenez en compte l’inertie de groupe. Une grosse équipe prend plus de temps à se déplacer ! Aussi, ne soyez pas trop juste dans vos estimations, car vous risquerez de tomber dans la Loi de Hofstadter

  • La Loi d’Eisenhower

« Ce qui est important est rarement urgent, et ce qui est urgent est rarement important ».

C’est à Dwight D. Eisenhower, qui fût tout de même le 34ᵉ président des États-Unis, que l’on doit cette Loi. Pour l’appliquer, rien de plus simple : l’équipe doit se concentrer sur ce qui compte vraiment pour la réussite du projet tout en évitant les distractions et les crises inutiles. Cela implique de planifier à l’avance les tâches importantes non urgentes (via un rétroplanning, un plan de travail ou une simple to-do list), de traiter immédiatement les problèmes critiques, de déléguer les tâches urgentes mais non importantes (coucou les stagiaires et auxiliaires), et d’éliminer les distractions (bye-bye les notifications et les pauses-café). En suivant ce principe, le tournage peut se dérouler de manière plus fluide, avec moins de stress et plus de contrôle sur le résultat final. Et si vous êtes un manager machiavélique, libre à vous d’ajouter un soupçon d’urgence dans ce qui est important…ou inversement !

  • La Loi de MacKenzie

« Le mieux est l’ennemi du bien ».

Cette citation attribuée à Voltaire serait en fait de Montesquieu, mais on s’en fout, car on ne sait pas vraiment non plus qui a énoncé la Loi de MacKenzie ! Ce que nous enseigne cette loi, c’est qu’en cherchant à atteindre la perfection ou à améliorer continuellement quelque chose, on risque de ne jamais finir ou de compromettre ce qui est déjà satisfaisant ou fonctionnel.

C’est une leçon importante pour les réalisateurs, producteurs, et toute l’équipe de tournage, qui doivent constamment équilibrer l’ambition artistique avec les réalités pratiques de la production. Il faut savoir à quel moment s’arrêter pour avancer, accepter un niveau de qualité qui sert le projet sans compromettre le planning ou le budget. Cette approche aide à maintenir le tournage sur les rails, en évitant les pièges du perfectionnisme qui peuvent causer des retards et des dépassements de coûts. Parfois il vaut mieux se contenter d’avoir un 12/20 plutôt que de ne pas avoir le temps de rendre sa copie complète en essayant d’avoir un 20 ! Et puis les perfectionnistes au cinéma n’ont pas fait que des chefs-d’œuvre.

 

  • La Loi de Pareto (la règle des 80/20)

« 20% des actions vont créer 80% des résultats ».

Ce principe est nommé d’après Vilfredo Pareto, un économiste italien qui a observé au début du XXe siècle que 80 % des terres en Italie étaient possédées par 20 % de la population. Ce principe n’est pas mathématique et les pourcentages peuvent changer. Mais généralement, on retombe sur des chiffres assez proches.

Ne confondez pas : Un comédien qui arrive avec une migraine et fout toute l’organisation d’une journée de tournage en l’air, c’est l’Effet Papillon ! Il souligne l’imprévisibilité et la difficulté de prévoir l’impact final d’un petit changement dans un système complexe. La Loi de Pareto repose sur une observation qui reste relativement prévisible. Mais en fonction du comédien, c’était peut-être prévisible en fait !!

Bref, analysez votre manière de faire (et celle de vos collègues) pour vous concentrer uniquement sur l’essentiel. Vous gagnerez du temps et de la tranquillité d’esprit.

  • La Loi de Taylor

« Diviser et standardiser les tâches, puis les hiérarchiser pour gagner en efficacité ».

On ne pouvait pas parler d’organisation du temps de travail sans s’arrêter quelques lignes sur le travail de Frederick W. Taylor, inventeur de l’organisation scientifique du travail autrement appelé taylorisme. Chacun a une importance dans l’équipe et chacun s’occupe de ce qu’il a à faire si on veut que ce soit bien fait. Donc si on vous demande un coup de main, donnez-le à condition que ça ne nuise pas à votre propre travail. Avec la prolifération d’équipes réduites, nous avons tendance à donner de nouvelles tâches à certains métiers, alors soyez vigilant. Hiérarchisez toujours l’importance de ce que vous avez à faire en une journée et ne mettez pas la charrue avant les bœufs, car n’oubliez pas que vous êtes dans la charrue !

  • La Loi d’Illich

« Au-delà d’un certain seuil, travailler trop devient contre-productif ».

Le penseur Ivan Illich a exprimé ce constat dans les années 1970. Notre concentration décroît quand nous accomplissons une tâche et plus on s’obstine à vouloir terminer, plus on devient contre-productif et on bâcle. Donc est-ce une bonne idée de partir sur des heures supplémentaires qui vont fatiguer tout le monde pour espérer terminer une séquence ou ne devrait-on pas couper et revenir le lendemain avec une équipe reposée et des idées claires ?

Ce qui nous amène naturellement à notre prochain point.


  • La Loi de Carlson

« Une tâche réalisée en une seule fois prendra moins de temps et d’énergie ».

Le suédois Sune Carlson semble être d’un avis différent de son collègue Illich. En effet, il pense qu’il vaut mieux tout faire d’une traite parce que se concentrer prend du temps.

Vous êtes perdus ? Que devez-vous faire ? Calmez-vous ! 

Il est indéniable qu’une tâche qui prend trop de temps et dont on ne voit pas la fin va vous décourager. Aménagez des pauses si le travail est trop fastidieux. Passez peut-être à une autre tâche moins compliquée et revenez à la première après. Pour rester focus sur votre objectif, fuyez toute source de déconcentration durant le travail : notifications, collègues alléchés par la table régie et le café gratos, vue directe sur ceux qui sont en pause clope, etc. 

Protégez votre réalisateur de tout cela quand il se doit d’être concentré sur son boulot. Un directeur de production qui vient parler de la faisabilité d’une autre séquence au moment où l’on tourne une scène intime et qu’on est déjà en retard…C’est typiquement la Loi de Carlson qui mute en Loi d’Illich !

  • Mais heureusement qu’il y a : la Loi de Fraisse

« Les événements intéressants semblent passer plus rapidement ».

Cette Loi formulée par le psychologue Paul Fraisse pourrait-être pompée sur la citation de Confucius “Choisis un travail que tu aimes et tu n’auras plus jamais à travailler”.

C’est pourquoi la pause dej’ file à toute vitesse, quand une scène de dialogue en champ / contre-champ dans une cuisine peut paraître longue à en crever. Parfois, on peut avoir l’impression qu’une heure n’est pas toujours égale à 60 minutes. Mais malheureusement, c’est toujours la montre qui a raison ! Préparez-vous et préparez l’équipe en ménageant tout le monde. Organisez bien la journée pour faire en sorte qu’elle ne soit pas faite intégralement d’ennui ou de moment d’amusement (sinon vous perdrez tout le monde dans un cas comme dans l’autre). 

Ce qui nous amène inévitablement à ces deux thèmes qui peuvent pourrir une organisation.


  • La Loi de Laborit.

« Nous cherchons naturellement à éviter les tâches les plus difficiles pour se consacrer à celles qui apportent un plaisir immédiat ».

Il ne nous dit pas tout ce cher Henri Laborit… Car ce qu’il préconise en réalité, c’est de commencer la journée par le plus compliqué et de contrer la nature humaine. Ainsi, en commençant la journée par monter la grue de 10 mètres sur le rail de traveling avec les 200 figurants en costumes dans le froid à qui on fait répéter les déplacements entre les voitures de collection, les animaux et les explosions, on ne risque pas de perdre de temps ! Car derrière, il y a la séquence de comédie ultra-simple à tourner avec les comédiens qu’on aime bien. Donc, on va être tous concentrés et on va faire ça bien pour s’enlever un gros poids dans l’organisation. Si on avait commencé la journée par quelque chose de plus simple, rappelez-vous ce qu’aurait pensé Parkinson, on aurait pris plus de temps ! En ayant choisi cette option, pas d’heure supp’ (🤞) et tout le monde est content.

Alain Lakein était du même avis en énonçant une de ses lois : “faire face à ce qu’on évite le plus”. Cela nous oblige à identifier ce qui sera compliqué. On réduit l’anxiété associée au report de ce qu’on esquive et on évite l’accumulation de stress liée à la procrastination. Si sur le papier cela semble une bonne idée, en pratique discutez-en quand même avec votre directeur de production pour bien peser le pour et le contre de la situation. Car si les heures supp’ doivent se transformer en heures anticipées pour 200 personnes…il n’y aura aucun avantage à faire ça.


  • La Loi de Kotter

« Allons chercher des résultats immédiats ».

John Kotter est un professeur d’Harvard connu pour être une sommité du management avec les 8 étapes à respecter pour mener à bien un projet.

  1. Instaurer de l’urgence ou créer un sentiment d’urgence.
    Pour ça, on fait un rétroplanning sur l’ensemble de la prépa jusqu’à la fin du tournage (voire jusqu’à la livraison du film en fonction de votre poste) et on se rend compte des différentes échéances pour préparer le projet. Ça va mettre un coup de boost direct !
  2. Créer une équipe ou une coalition efficace.
    Constituer la meilleure équipe technique et artistique pour le projet. Et parfois ce ne sont pas les meilleurs dans leurs domaines qu’il faut appeler, mais ceux qui comprennent le mieux le projet. Ils vous emmèneront bien plus loin et seront plus fidèles.
  3. Déterminer une vision.
    Montrez que vous savez où aller. Vous savez quoi raconter et comment le faire de manière réaliste.
  4. Partager la vision du changement.
    Communiquez ! Et faites savoir à votre équipe que vous avez besoin d’elle pour y arriver. Soyez clair dans vos messages et vos demandes. C’est ce que préconise aussi la Loi de Kidlin : “Si vous pouvez écrire clairement un problème, vous avez déjà fait 50% du chemin vers sa résolution”.
  5. Inviter à l’action.
    Vous devez responsabiliser votre équipe et lui déléguer des tâches. Faites-lui confiance. Mettez en place des outils collaboratifs pour avancer tous ensemble.
  6. Chercher des victoires rapides à court terme.
    À chaque succès sa félicitation ! On ne vous dit pas d’aller fêter ça au bar pour autant. Mais savoir féliciter son équipe et dire bravo, ça galvanise et valorise.
  7. Consolider les gains et renforcer le succès pour davantage de changement.
    Vous avez gagné une fois, c’est une première marche et on doit monter un escalier. Donc, on reste calme ! S’il y a eu des difficultés, tirez-en des enseignements et évitez de reproduire la même erreur pour avancer mieux. Attention à car la Loi de MacKenzie rode et pourrait tout faire vriller, surtout si vous êtes perfectionniste. Privilégiez toujours le nécessaire au superflu.
  8. Ancrer et insuffler les nouvelles stratégies au sein de la culture d’entreprise.
    Essayez de pérenniser ce nouveau mode de fonctionnement propre à ce tournage. Faites prendre ces nouvelles habitudes à tous et créez ce cadre dont tout le monde a besoin.

Si vous faites au moins deux ou trois points de cette longue liste, vous êtes déjà un bon manager.

  • La Loi de Confucius

« L’expérience ne sert qu’à répéter les mêmes erreurs, mais plus rapidement ».

Cette phrase que l’on prête à Confucius vient nous rappeler que dans nos métiers basés essentiellement sur l’expérience, il est bon parfois de prendre un peu de recul et d’écouter les petits jeunes. Quand ils vous demanderont naïvement “Pourquoi vous faites comme ça plutôt que comme ça”, votre fierté va vous faire rire aux éclats. Vous allez commencer à leur répondre plein de dédain “Tu vois mon petit…” puis vous allez vous rendre compte qu’en fait, il a bien raison ! L’habitude et le train-train vous ont envahi. Pour éviter cela, remettez-vous constamment en question, soyez attentif aux nouveautés proposées par les innovations et affûtez votre créativité au contact de plus jeunes qui ont aussi des choses à vous apprendre.

  • La Loi de Dunning-Kruger

« Les personnes avec peu de compétences se surestiment souvent ».

À croire que les psychologues américains David Dunning et Justin Kruger sont allés théoriser de la célèbre phrase d’Audiard : “Les cons ça ose tout, c’est à ça qu’on les reconnaît”. C’est ce qu’on appelle simplement : l’ultracrépidarianisme. On en connaît beaucoup des qui sont capables de dire qu’ils savent faire juste pour se faire mousser alors qu’en fait, ils sont pas les couteaux les plus aiguisés du tiroir… Et à l’inverse, il y a ceux touchés par le syndrome de l’imposteur, n’osant pas montrer l’étendu de leur savoir à cause de leur timidité ou leur humilité. En poussant à l’extrême, on obtient malheureusement le Principe de Peter : « Dans une hiérarchie, chaque employé a tendance à s’élever à son niveau d’incompétence”. Ça ne veut pas forcément dire que votre supérieur est un abruti ! Mais si vous voulez éviter d’en devenir un, apprenez à mieux juger vos compétences et limites personnelles. Ne soyez pas tête-brûlée à cause de votre ambition, car ça se verra tout de suite si vos dents rayent le parquet.

Globalement, si vous voulez exceller en management, apprenez à contrôler le syndrome d’Hubris. C’est un état psychologique qui peut toucher ceux qui détiennent “le pouvoir” et qui connaissent un certain succès. Ils virent à l’arrogance démesurée et se déconnectent de la réalité. Ce syndrome peut conduire à des décisions imprudentes et, en fin de compte, à la chute de ce qu’ils ont été ou de l’organisation qu’ils représentent. La conscience de ce risque et la mise en place de stratégies pour le prévenir sont essentielles pour ceux qui souhaitent rester efficaces et respectés.


(Non, nous n’allons pas parler d’un film de James Cameron, désolé !)

  • La Loi de Douglas

« Plus il y a de place, plus il y a de chances de s’étaler et de s’éparpiller ».

Vous comprenez enfin pourquoi un décor semble toujours trop petit pour une équipe de tournage. Cette loi a été formulée par l’économiste Paul H. Douglas. Comme son collègue Parkinson, il vous fait remarquer que plus on a d’une chose et plus on la consomme ! Pour remédier à cela, Douglas préconise d’avoir un espace de travail rangé et organisé pour y voir plus clair. Appliquez cela à votre environnement de travail : votre ordinateur, votre cloud, votre bureau, vos documents, votre table régie, votre bijoute, que sais-je ! N’oubliez pas que le sol n’est pas un espace de rangement. Donc, ramassez vos affaires et faites du vide régulièrement. Appliquez cela sans oublier la citation contradictoire d’Einstein “Un bureau rangé est le signe d’un esprit dérangé”.

  • La Loi de Metcalfe

« La valeur d’un réseau est proportionnelle au carré du nombre de ses utilisateurs ».

Étant nul en maths, je ne vais pas me lancer dans une démonstration. Ce que je peux vous dire c’est que Robert Metcalfe est le créateur de l’Ethernet, donc il s’y connait en réseaux. Et il vous conseille d’entretenir le vôtre. Pas en postant des stories pour montrer le brunch que vous avez mangé ce week-end, ça ne sert à rien. Mais œuvrez plutôt à une certaine entente dans l’équipe du film sur lequel vous travaillez. Plus il y aura d’interactions artistiques et plus le film en sera enrichi. Une communication efficace entre tous permet de réduire les malentendus et les erreurs. Faites toutefois attention aux nombres de canaux utilisés (mails, Whatsapp et autres) car, plus vous les multiplierez et plus vous aurez du mal à centraliser l’information. 


  • La Loi de Newton

« Un corps au repos reste au repos à moins qu’une force externe n’intervienne ».

Autrement appelée “Loi du 3ème assistant réalisateur”. Dans son “Principe d’inertie”, Isaac Newton fait honneur à vous tous, car c’est vous la “force externe” des loges ! Bringuebaler les comédiens rivés sur leurs téléphones d’un endroit à l’autre pour qu’ils soient prêts à l’heure. Sans cette “force externe” tout resterait au repos. Il continue en disant de même sur les corps en mouvement, qui restent en mouvement, à moins qu’une force externe n’intervienne. Ce qu’il devait sûrement appeler la “Loi des régisseurs et bloqueurs”.

  • La Loi de Falkland

« Quand il n’est pas nécessaire de prendre une décision, il est nécessaire de ne pas prendre de décision ».

Pour une fois, un peu d’Histoire. Ce n’est pas un scientifique ou je ne sais quel auteur qui a théorisé cette loi. L’hypothèse la plus probable viendrait de la guerre des Malouines ou Flaklands War en v.o. Le Royaume-Unis n’avait rien fait concernant le statut des Malouines / Falkland, afin d’éviter que la guerre ne s’aggrave. Ce qui démontre que parfois ne pas prendre de décision est la meilleure décision. Il faut savoir être patient même sous la pression.

Mais ne confondez pas être mou et être patient ! Lorsqu’un imprévu vous tombe sur le nez, gardez la tête froide. Si un accessoire crucial pour la scène a été oublié, prenez un temps pour voir comment contourner le problème. Aidez-vous des autres techniciens (votre scripte par exemple). Proposez les différentes alternatives possibles pour continuer d’avancer dans la journée. Gardez en tête le rapport “urgent / important” d’Eisenhower et vous avancerez sereinement, car une décision prise à la hâte engendre toujours des problèmes supplémentaires.

  • La Loi de Lakein

« La décision précède toujours l’action ».

Alan Lakein nous explique qu’instinctivement l’action va l’emporter sur la réflexion, comme le dit la célèbre maxime “un imbécile qui marche va plus loin qu’un intelligent assis”. Mais un objectif non défini dans le temps vous fera toujours prendre du retard. La réflexion doit toujours précéder l’action pour mener à bien une tâche, sinon on ne ferait pas de préparation ! Alors lorsque votre réalisateur vous dira “non mais c’est juste un insert” soyez comme un bambou : restez souple et ne cassez pas. Si le réalisateur veut ajouter des plans ou séquences dans la liste de ce que vous avez à faire dans la journée, forcément il devra en sacrifier pour équilibrer. Se lancer dans ce jeu de replanification en pleine journée de tournage n’est jamais une bonne idée. Vous allez montrer à l’équipe que le doute s’immisce sur le tournage et un changement dans le planning n’est jamais bien vécu par les techniciens et comédiens.

  • La Loi de James-Kipling 

« Si vous restez calme dans une situation où tout le monde panique, c’est peut-être que vous ne comprenez pas la gravité de la situation”.

Cette loi est un détournement ironique, attribué au britannique Clive James, du poème Tu seras un homme, mon fils de Rudyard Kipling. Si ce dernier encourage à la maîtrise de soi et à la résilience face aux crises, James vient transformer cela en “réveille-toi, c’est le bordel !!!” Si rester calme peut être un atout, il faut que tout le monde comprenne clairement que vous avez pleinement conscience des enjeux. Une sous-estimation de la situation peut conduire à une réaction inadéquate ou tardive qui aggraverait les problèmes déjà présents. Une bonne gestion de crise implique à la fois la maîtrise de soi et une compréhension claire et précise de la situation, permettant ainsi de prendre les mesures appropriées pour éviter ou minimiser les dommages.


  • La Loi de l’Ecclésiaste 

« Il y a un temps pour tout, un temps pour chaque chose sous les cieux ».

L’Ecclésiaste n’est pas une personne, mais un des Livres de la Bible. On pense que ce serait le Roi Salomon qui aurait écrit ce moment-là (enfin…un de ces scribes). Il y explique le côté cyclique de la vie humaine et les différents moments qui viennent rythmer l’ensemble. “Chaque chose en son temps” comme le traduit l’expression qu’on connaît tous.

Mais encore faut-il bien savoir quel est le bon temps pour chaque chose ! Et malheureusement, nous ne pouvons pas tourner quand on le souhaite, alors on s’adapte et on fait au mieux. On hiérarchise les contraintes de lieux et de planning, puis celles du Code du Travail et de la Convention Collective.

Et comme c’était trop simple de faire entrer tout ce qu’on doit tourner dans des journées de 8 heures, il y en a trois qui sont venus ajouter une contrainte. L’horloge biologique !

  • La Loi de Swoboda-Fliess-Teltscher

« Pour faire bien, écoutez votre horloge biologique ».

Wilhelm Fliess, Hermann Swoboda et Alfred Teltscher se sont rendus compte que nous avions tous un rythme biologique différent (s’ils n’avaient pas travaillé à trois, ils ne s’en seraient peut-être jamais aperçus). Par exemple, certains sont matinaux, quand d’autres préfèrent la nuit. Et cela influe sur notre productivité, surtout quand il est question de travailler en équipe. Veillez à ne pas prévoir de moment trop compliqué après une pause repas, car la digestion va s’occuper comme il se doit de votre plan de travail ! Ne prévoyez pas de scène d’intimité si une comédienne est indisposée. Équilibrez les emplois du temps et respectez les temps de pause. C’est juste du bon sens en fait !


Maintenant que vous avez toutes les cartes en mains pour réussir. Je vous propose quelques dernières lois à ne pas oublier.

« Lorsque vous avez éliminé l’impossible, ce qui reste, si improbable soit-il, est nécessairement la vérité ».

Cette phrase peut s’appliquer à tellement de cas. La prime versée sur votre salaire par pure bonté de la production. Celui qui a tout viré du cloud “pour se faire de la place” sans comprendre qu’il a supprimé les fichiers à toute l’équipe. En passant par cette recette étrange de gratin à la cantine. Vous verrez, c’est parfois dur à admettre, mais il ne reste bien que la vérité à la fin.

  • La Loi de Jackson

« La douleur passe, le film reste ».

Peter Jackson a détourné la citation d’Auguste Renoir : « La douleur passe, la beauté reste ». Il s’amusait à répéter sa phrase sur le tournage du Seigneur des Anneaux à ses équipes. Et effectivement, malgré les difficultés que l’on peut rencontrer en tournage, il ne faut pas oublier que la seule chose qui subsiste, ce sera le film. Alors faisons-le au mieux.

« La Loi c’est moi ».

Je crois que c’est clair !

 


Pour aller plus loin dans vos recherches de productivité voici des liens vers lesquels se tourner :

https://amadium.com/gestion-du-temps-et-lois-de-productivite/
https://workandyou.fr/recrutement/les-11-lois-de-la-productivite/
https://www.linkedin.com/pulse/17-fausses-lois-de-productivit%C3%A9-pass%C3%A9es-au-scanner-jimmy/
https://www.topformation.fr/guide/articles/10-lois-gestion-du-temps-22639
https://www.hellowork.com/fr-fr/medias/lois-efficacite-travail.html
https://managementvisuel.fr/12-lois-du-temps/
https://www.itev.fr/communiques/bien-gerer-son-temps
https://www.welovebuzz.com/voici-les-4-lois-les-plus-importantes-au-monde/
https://votreadjointe.ca/les-9-principes-pour-gagner-du-temps-2/
https://www.tiilt.io/loi-de-douglas-definition/
https://defis-productivite.com/loi-de-l-ecclesiaste/
https://blog.hubspot.fr/marketing/modele-de-kotter
https://www.hellowork.com/fr-fr/medias/loi-confucius-valeur-experience-collaborateur.html
https://www.hellowork.com/fr-fr/medias/effet-dunning-kruger-quand-les-plus-mauvais-se-croient-doues.html
https://www.helloworkplace.fr/un-chef-est-il-forcement-nul/
https://www.hellowork.com/fr-fr/medias/syndrome-hurbis-quand-pouvoir-rend-fou.html
https://www.hellowork.com/fr-fr/medias/effet-pygmalion-ou-comment-les-managers-influencent-la-productivite-des-collaborateurs.html
https://www.leblogdudirigeant.com/la-matrice-eisenhower/
https://librairietournelapage.ca/products/comment-controler-votre-temps-et-votre-vie?variant=17380549066867


Merci à Diana Mosafir – Hélène Dubouchaud
Crédits photos : « Le Loup de Wall Street » – « Les Aventures de Tintin : Le Secret de La Licorne » – « Retour vers le futur » – Les temps modernes » – « Oppenheimer » – « Comment c’est loin » – « Saw » – « Avatar 2 : La voie de l’eau » – « Le dîner de con » – « L’histoire sans fin » – « Sherlock » (tous droits réservés)

Cohen Mickaël

1er assistant réalisateur

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1 réponse

  1. SALAFA Pascal dit :

    très bonne compilation …. Merci Michael !
    je vais exiger que mes étudiants lisent ton article ;-)

    Amicalement

    Pascal

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