La politique de la « chaise vide » aux loges
En tant qu’assistant réalisateur, nous assistons souvent à de drôles de phénomènes sur le plateau mais aussi en dehors comme aux loges, le fameux « HMC » (Habillage / Maquillage / Coiffure), sacro-saint havre de la préparation et du bien-être des comédiens avant de tourner, avec lequel l’assistant réalisateur interagit quotidiennement en tournage.
L’un de ces phénomènes s’appelle la « politique de la chaise vide », pour reprendre l’expression d’un confrère qui se reconnaîtra, qu’applique encore une minorité (ouf) de maquilleurs, coiffeurs et costumiers, volontairement ou malgré-eux.
Cette politique consiste à ne pas démarrer la préparation d’un comédien, au maquillage le plus souvent, tant qu’il n’est pas assis sur sa chaise, alors que ce dernier a pourtant bien été confié aux loges par la mise en scène, après une mise en place par exemple. Un comédien au téléphone ou en pleine discussion avec son réalisateur est parfois, il est vrai, bien difficile à interpeller selon les cas par un membre des loges afin de démarrer le travail.
Manque d’aplomb du HMC ? Comédien connu ? Réalisateur trop présent en loges ? L’assistant réalisateur peut alors s’avérer être un précieux atout, en dernier recours, pour aider les loges à lancer leurs préparations.
En dernier recours car le HMC est connu pour être un lieu où l’assistant n’est pas censé avoir la main mise. Parfois même, il n’est pas forcément le bienvenu… :)
Pour rappel, les temps de préparation en loges par comédien, basés sur les heures du « PAT » (Prêt à tourner) de la mise en scène, sont validés par le HMC en amont via la feuille de service. Ces convocations, souvent déterminées de concert et avec bon sens entre les deux départements, représentent ainsi une forme d’engagement de la part de chacun à tenir son horaire pour garantir la bonne marche de la journée de travail.
Aux comédiens premièrement de se discipliner une fois en loges. Ils sont à la disposition de ces dernières et doivent donc jouer le jeu. Les comédiens expérimentés ne posent généralement pas de problèmes. Quand cela arrive, ils apprécient le plus souvent un peu de « fermeté douce » et donc le professionnalisme sous-jacent qui pousse au respect de son interlocuteur. Pour les acteurs peu ou pas expérimentés qui traînent des pieds, il ne faut pas hésiter à leur dire comment ça marche. :)
Aux HMC de s’affirmer et de ne pas déporter parfois son manque d’aplomb envers un comédien sur la mise en scène. Mauvaise foi trop facile et agaçante du « il n’est pas assis alors je ne peux pas travailler… » ! Une fois confié par l’assistant, le comédien est sous la responsabilité du HMC. Aux maquilleurs, coiffeurs et costumiers d’assumer leurs parts de prise en charge dans ses murs comme l’assistant en dehors.
À la mise en scène de sonder finement en préparation cette probabilité de politique de la chaise vide avec les intéressés. L’assistant réalisateur saura aussi assurer un rôle de médiateur sur l’instant entre HMC et comédiens si nécéssaire comme évoqué plus haut. Dans tous les cas, consoeurs et confrères débutants, ne vous laissez pas abuser par un membre chevronné du HMC qui jouera cette carte de la mauvaise foi. Il aura tort et il le sait…
Aux réalisateurs aussi de nous aider dans ce travail d’équipe en ne perturbant pas outre mesure le travail des loges lors d’un passage, souvent incontournable, pour parler de la scène, d’un dialogue ou d’un costume par exemple. L’assistant, si présent à ses côtés, pourra avoir un oeil attentif sur l’équipe HMC qui s’empressera de lui jeter un regard embarrassé si la présence du réalisateur encombre plus que de raison…
Chères consoeurs et chers confrères, n’hésitez pas à faire part de votre expérience si vous avez vécu cela dans le passé. Dans les commentaires ci-dessous. Merci !