Entretien avec Justinien Schricke, 1er assistant réalisateur – AFAR
Nous sommes ravis aujourd’hui de vous proposer la toute première interview ARA d’un premier assistant réalisateur cinéma (il était temps !:) en la personne de Justinien Schricke, 36 ans, récent membre de l’AFAR (Association Française des Assistants Réalisateurs de fiction).Au commencement…
ARA > Peux-tu te présenter en quelques mots ?
J.S. > Je m’appelle Justinien Schricke, j’ai 36 ans et je suis premier assistant réalisateur de fiction.
ARA > As-tu suivi une formation pour arriver à ce poste aujourd’hui ?
J.S. > J’ai fait des études à l’université, c’est tout. J’ai une licence d’arts du spectacle mention cinéma. J’avais entamé une maîtrise quand j’ai commencé à travailler sur des tournages mais je ne suis jamais allé au bout de cette dernière année pour raison professionnelle. Mon métier, je l’ai appris avec « mon chef » (Frédéric Vignal) et puis de tournage en tournage. Je l’apprends encore aujourd’hui !
ARA > Depuis combien de temps es-tu premier assistant réalisateur ? Pourquoi ce poste et pas un autre ?
J.S. > J’ai eu mon premier « vrai » job en tant que premier assistant en 2007. C’était sur un téléfilm pour Arte. Avant ça, pendant mes études, j’avais participé à de nombreux petits courts-métrages à divers postes (électro, machino, assistant caméra, régisseur…). C’était formateur mais mes envies n’étaient pas encore très claires.
À priori, je voulais faire de la lumière et un jour, peut-être, réaliser… et puis, en 2005 un ami d’ami (Frédéric Vignal donc) m’a proposé d’être troisième assistant réalisateur. C’était sur un téléfilm d’époque (Le procès de Bobigny – François Luciani – 2006) avec Sandrine Bonnaire et Anouk Grinberg.
Sans exagérer, je crois que ça a été tout de suite le coup de foudre avec le métier. Tout m’a plu : les comédiens, les loges, le plateau, le peu de prépa.
J’ai compris alors qu’en étant à la mise en scène, j’étais au cœur du film. Ça m’a passionné.
ARA > Comment es-tu passé au long-métrage de fiction ?
J.S. > Suite à ce premier téléfilm d’époque, en 2005, j’ai suivi Frédéric Vignal (toujours :). Il m’a proposé de passer directement second et dans l’année qui a suivi, on a fait deux courts-métrages et une mini-série d’époque (Les camarades – 2007). En 2007, il a choisi de quitter le métier et c’est donc comme ça que je suis passé premier sur ce téléfilm pour Arte (Inéluctable – François Luciani – 2008). J’avais 25 ans et peu de réseau alors pendant les deux années qui ont suivi, j’ai retravaillé deux fois comme second avec un autre premier (Jan Sitta) et j’ai enchainé les courts-métrages comme premier.
C’est vraiment grâce aux courts-métrages que je suis passé aux longs.
En 2010, c’est la réalisatrice d’un court que j’avais fait comme second qui m’a proposé d’être son assistant sur son premier long (Le jour de la grenouille – Béatrice Pollet – 2011). Un peu plus tard, une productrice (Juliette Sol) m’en a proposé un autre (La pièce manquante – Nicolas Birkenstock – 2013) et de fil en aiguille, mon réseau s’est diversifié. Je n’ai plus fait de téléfilm pendant un long moment mais aujourd’hui, j’ai trouvé un certain équilibre en alternant cinéma, télévision et publicité.
ARA > La différence majeure pour toi entre un court et un long ?
J.S. > L’endurance d’abord. Tout est plus long :) la prépa, le tournage. Il faut donc savoir gérer son effort dans le temps, celui des équipes et du réalisateur parfois.
Les enjeux ensuite. Si les courts sont plus fragiles, on y accepte des prises de risques que les productions auront parfois tendance à craindre sur les longs, en particulier sur les premiers films. Il y a le distributeur, la promo, des sommes plus importantes en jeu et donc une pression clairement plus lourde sur le réalisateur.Le métier…
ARA > Quelles sont pour toi les qualités primordiales d’un premier assistant réalisateur ? Et les principaux défauts ?
J.S. > Tout d’abord, je voudrais dire que je crois sincèrement qu’il y a de nombreuses façons de pratiquer ce métier. Je n’ai pas la prétention de détenir une quelconque vérité ou une quelconque méthode universelle.
Chacun sa méthode, chacun SON style.
Je crois quand même que pour exercer ce métier, il faut avant tout de l’empathie. Je ne sais pas si c’est le bon terme mais voilà comment je vois les choses. Être assistant, c’est comprendre ce que cherche à faire un réalisateur, comprendre sa vision et la transmettre à l’équipe que l’assistant coordonne. Il faut être capable d’adopter, du moins de cerner, le point de vue du réalisateur sur l’histoire qu’il veut raconter. Ça permet de visualiser ce qu’il cherche à obtenir et, le cas échéant, de lui proposer les meilleures solutions pour le fabriquer.
Autre aspect primordial, le travail en équipe. Proposer un plan de travail en tenant compte des contraintes de chaque poste, savoir se remettre en question et s’adapter en fonction des collaborateurs qu’on a en face de soi. S’assurer que les demandes du réalisateur sont respectées au mieux en tenant compte des contraintes du projet, diriger le plateau fermement pour tenir le cap qu’on a fixé, mais donner à tout le monde les moyens et l’envie de faire le mieux possible en gérant parfois les déceptions ou les tensions qui peuvent apparaître. Tout cela demande un certain sens de la diplomatie.
L’abnégation enfin. Être assistant, c’est savoir faire passer l’intérêt du film avant le sien. Attention, ça ne veut pas dire s’oublier complètement et perdre le sens des réalités, du danger ou du respect de l’autre ou de soi-même. Il s’agit « simplement » d’être capable, face à un choix en préparation ou en tournage, d’analyser sereinement et efficacement la situation afin de prendre par la suite, la meilleure décision pour le projet sans se laisser guider par une émotion personnelle déplacée.
La confiance en soi ! Une qualité qui vire parfois au défaut. On demande à un premier assistant de fixer des objectifs, un cap, une méthode. Il faut l’établir en accord avec tous les participants mais le moment venu (et surtout quand ça va mal), c’est souvent vers le premier assistant qu’on se tourne. Quand on est sûr que l’on a pris la bonne décision, il faut l’assumer et transmettre aux autres sa conviction. Attention donc à ne pas être aveuglé par la confiance en soi. Tout le monde peut se tromper et personne ne détient la vérité. Il faut aussi savoir reconnaître ses erreurs, le dire et avancer. Une qualité plus subtile qu’il n’y paraît et difficile à travailler. Je crois que c’est une question de tempérament et d’expérience.
Concernant les défauts enfin, ils sont multiples mais ceux qui me viennent sont liés principalement à la gestion du stress. Premier assistant est un poste soumis à beaucoup de pression : gestion du temps, des conflits, des décisions à prendre au quotidien, la pression des divers chefs de postes sur tous types de questions… Il faut beaucoup de sang froid et garder la tête sur les épaules… Attention à ne pas céder à la panique qui pousse à prendre de mauvaises décisions et à ne pas se croire tout puissant sous prétexte qu’on a beaucoup d’éléments en main. Si le stress vous submerge, il faut tâcher de ne pas le transmettre au reste de l’équipe. C’est trop facile de crier dès que quelque chose va de travers… On perd vite en crédibilité. Il faut bien mesurer la pression que l’on met aux autres et la manière dont elle est reçue.
ARA > Le défaut sur lequel tu travailles toujours ?
J.S. > Tous ! J’y travaille continuellement. Je ne cesse jamais de réfléchir à comment je pourrais améliorer ma gestion de la prépa, du plateau et des situations de crises. Je pense que c’est un travail permanent. J’ai évoqué pas mal de travers dans la question précédente et il y en a un certain nombre que je m’attribue.
Garder son calme et le bon ordre de ses priorités dans les situations de stress liées au temps par exemple. Je ne suis pas quelqu’un de stressé dans la vie privée et ça m’aide à rester calme en plateau, à relativiser… Mais je suis quelqu’un de très actif, j’aime quand les choses avancent. Un problème ? Un défaut d’efficacité ? Un plan qui ne marche pas ? Vite une solution ! Ce n’est pas toujours la bonne méthode.
Parfois, il faut aussi se tempérer et laisser le travail d’équipe se faire pour mener à la solution. Vouloir gagner du temps, oui mais avec discernement.
L’optimisme, qui est un de mes bons amis, m’a aussi parfois desservi alors je m’en méfie. Quand la situation est bloquée ou quand le retard accumulé est trop important, il faut savoir le dire clairement au réalisateur et au directeur de production. Ça peut décevoir certains qui vous diront : « Mais non, tu t’inquiètes pour rien ». Au final, j’ai compris qu’avec l’expérience, on a un instinct sur ces choses-là qu’il faut écouter.
ARA > Qu’attends-tu de ton second assistant ? Et du troisième ?
J.S. > Beaucoup de sens du relationnel et de l’enthousiasme ! Je suis quelqu’un qui aime beaucoup le contact humain et c’est aussi pour ça que j’aime ce métier. Nous avons une chance folle de pouvoir le pratiquer et de pouvoir en vivre, je trouve normal qu’on s’en réjouisse. J’ai besoin d’être entouré de gens qui sont heureux d’être là et qui aiment ce qu’ils font, qui savent travailler dans le respect avec tous les corps de métier présents (en particulier le HMC et les comédiens).
Je crois que la politesse est primordiale dans une équipe mise en scène. Quand on passe sa journée à donner des indications aux gens ou à leur demander de régler au plus vite une situation de crise, un « s’il te plait » et un « merci » sont la moindre des choses. Et quand on se trompe, on s’excuse et on reprend le travail avec le même enthousiasme et sans atermoiement.
Pour le(la) second(de), j’ajouterais qu’un grand sens de l’organisation est indispensable. J’ai mis longtemps à comprendre à quel point il était important de déléguer mais je sais aujourd’hui que le second est un allié essentiel pour ne rien laisser passer : prise de note permanente, mise à jour et diffusion des documents préparatoires, mises au point régulières sur les urgences à traiter… Tout cela doit se faire à deux, entre le premier et le second assistant. Ce dernier a souvent trop peu de prépa, il doit donc être très à l’écoute pour rattraper l’avance que le premier a prise pendant ses premières semaines de travail en « solitaire ».
Le troisième assistant, moins présent en prépa, est un atout essentiel en tournage. Présent en loge et à l’arrière du plateau, il voit des choses qui échappent nécessairement au premier assistant et sans doute au second. Il faut un certain sens du discernement pour reconnaître une situation qui pourrait poser problème. S’il y a un souci en loge qui ralentit le travail par exemple, je dois en être averti. Mais le troisième doit aussi être capable de gérer lui-même la communication au quotidien dans les loges, assurer un rythme de préparation optimal et cela demande un peu de sang-froid, du doigté, un grand sens de la diplomatie et sans doute un peu d’humour.ARA > Comment se passe généralement ta première rencontre avec le réalisateur et avec la production ?
J.S. > Dans l’idéal, quand je rencontre le réalisateur ou la production, j’ai déjà lu le scénario… Du coup, il me paraît normal que ce scénario soit au coeur de notre discussion. On n’échappe pas, tout de même, à la phase de présentation pendant laquelle il faut expliquer d’où l’on vient, ce que l’on a fait etc. Pour gagner du temps, je fais en sorte de tenir ma page IMDB bien à jour (NDLR – Notre article sur le sujet : Comment mettre à jour son IMDB ?!) et j’ai aussi un site internet pour que mon CV soit facile à trouver.
Pour en revenir au scénario, il est toujours bon d’en parler, de dire ce qu’on en a pensé, d’aborder peut-être des points importants ou des particularités du tournage qu’on a imaginé en lisant certaines scènes. Ça nous permet à tous de voir si on est sur la même longueur d’onde et si on a bien saisi les enjeux les plus importants du scénario.
Ensuite, il est très important d’écouter ce que le réalisateur et la production ont à dire. C’est une occasion unique d’entendre les intentions des uns et des autres avant que les contingences de la fabrication ne poussent chacun à faire bouger ses lignes, à revoir ses exigences.
Avant de s’engager sur un film, il faut essayer de comprendre à qui on a affaire et être sûr qu’on est capable et qu’on a envie de donner à cette personne ce que le film nécessite en termes d’investissement personnel, d’énergie. Il faut bien sûr convaincre son interlocuteur qu’on est la bonne personne pour le film (on est là pour ça à priori !) mais il faut aussi profiter de ce moment pour imaginer honnêtement le film qui se présente à nous.
ARA > Le premier assistant réalisateur doit-il être un vrai cinéphile ?
J.S. > Je ne sais pas si c’est un prérequis mais je pense quand même que ça aide pour comprendre ce que le réalisateur cherche à faire, si toutefois, il a des références à citer. Une culture cinématographique étendue permet à l’assistant d’avoir d’autant plus d’images en tête quand il échange avec le réalisateur sur un plan, une intention, une ambiance ou une recherche de décor…
Par contre, à priori, un assistant va être amené à travailler sur des films très différents au fil de sa carrière. Il ne faut pas systématiquement projeter ses passions et ses films préférés dans les demandes du réalisateur, il faut rester ouvert au type de cinéma qu’on vous propose.
Je crois que fabriquer un film est une expérience formidable et que cet art a une capacité unique à toucher les gens. Quand les choses deviennent compliquées, c’est aussi cette foi dans ce qu’on fait qui me porte.
ARA > Le(s) meilleur(s) conseil(s) qu’on t’ait donné ?
J.S. > Frédéric Vignal, le premier avec qui j’ai travaillé comme troisième et comme second m’en a donné pleins. Des petites phrases ou des réflexions plus poussées sur le métier, on en reçoit tout au long de sa carrière. J’en garde quelques-unes en mémoire.
Au stade de l’étude d’un scénario par exemple et d’une manière générale en début de prépa, la première chose qu’on demande à un premier assistant c’est d’identifier les problèmes, les écueils, les choses compliquées à fabriquer. On n’attend pas du premier assistant d’avoir tout de suite toutes les réponses et toutes les solutions. Tout ça se trouvera en équipe au fur et à mesure du travail.
Tu n’es pas là pour sauver des vies… Peut-être le conseil le plus important pour un assistant ! Notre travail est important et sérieux mais il faut garder la tête froide. C’est rageant de rater un plan, de devoir en supprimer un ou plusieurs parce qu’on a pris trop de retard, de rater le top d’un comédien… mais on est là pour faire des films, pas pour sauver des vies encore une fois. Il faut savoir relativiser.
Et puis un truc tout bête, vérifier les accessoires et les véhicules de jeu en début de journée. Ça prend tout son sens quand on découvre à l’heure de faire monter le comédien dans la voiture de jeu que la vitre ne fonctionne pas ou qu’il n’y a plus de batterie dans le téléphone portable de jeu.
ARA > Ton plus beau souvenir de tournage ? Et le pire ?
J.S. > Très difficile cette question… Je ne sais pas si j’ai l’âge d’y répondre !
J’ai beaucoup de très beaux souvenirs et j’espère m’en faire encore beaucoup parce que ma carrière commence tout juste. ;)
Il y a évidemment des rencontres artistiques très fortes avec des réalisateurs et des acteurs. Je me souviens d’avoir tremblé en tournage en comprenant que le plan dont on avait tant parlé et l’émotion que le réalisateur avait tant cherché en répétition, étaient là, devant nous. Parfois, ça arrive d’un coup sans qu’on le sente venir et l’émotion est très forte. Ça donne beaucoup de sens aux semaines de travail intenses qu’on a pu traverser.
Il y a aussi des rencontres humaines bouleversantes. J’ai par exemple travaillé sur un film où le casting était composé uniquement de migrants africains sur la route de l’Europe. On a passé beaucoup de temps ensemble, parlé de beaucoup de choses, c’était une expérience très déstabilisante pour eux comme pour l’équipe technique mais je crois que c’était un moment d’une richesse extrême pour tout le monde.
Dans mes pires souvenirs il y a surtout des journées calvaires où tout va de travers. Une journée de court métrage autoproduit avec tellement d’avaries et d’intempéries (groupe électrogène, caméra, pluie, vent, etc.) qu’on a fini par travailler près de 16 heures d’affilées pour ne sauver que quelques plans… Ou encore, une journée sur mon premier téléfilm comme premier assistant où j’ai donné une mauvaise indication et où une quinzaine de véhicules de jeu ont été placés dans la mauvaise position sur une route de campagne à une seule voie (alors que les camions techniques étaient dans le champ).
Et puis un événement marquant aussi : un figurant qui a fait une crise d’épilepsie pendant une scène de soirée étudiante. Il ne savait pas qu’il était épileptique, ça a été sa première crise. Il s’est ouvert le crâne en tombant et a beaucoup saigné. Cela a généré une petite scène de panique parmi les figurants présents… Heureusement, tout s’est bien terminé. Ça m’a fait réaliser l’importance d’avoir, dans l’équipe, des techniciens formés aux méthodes de secourisme.
ARA > As-tu déjà frôlé ton point de rupture ?
J.S. > On peut sans doute dire ça, oui. Notre métier nous pousse un peu à jouer avec ce fameux point de rupture. On travaille beaucoup, on se lève tôt, on se couche tard, on essaie de régler des problèmes qui ne peuvent pas toujours l’être, on donne beaucoup d’énergie et de confiance à des réalisateurs (ou à des producteurs) qui jouent quelque chose d’important, qui sont plongés dans un moment de création intime et parfois douloureux.
L’assistant peut se sentir seul, frustré et ça peut être assez violent au quotidien. Je crois qu’on se rend très vite compte si on est capable de gérer ça. Impossible de tenir le coup dans ce métier si on n’est pas près à tester ses limites, à plonger à fond dans chaque collaboration, à prendre des risques d’un point de vue émotionnel…
Alors parfois oui, il y a des moments d’épuisements, d’abattements et de découragements. Quand ça arrive en plein tournage, je respire un grand coup et je repense à toutes les « qualités » citées plus haut. Quand ça arrive à la fin d’un tournage, je prends quelques jours de repos avant d’enchaîner… Si on néglige ça, on prend le risque de commencer à moins bien faire son travail ! L’enthousiasme, ça se cultive et ça se préserve.ARA > Tu as travaillé sur « Profilage », une célèbre série TV française. Quelles différences en préparation et en tournage selon toi par rapport à un long-métrage de fiction ?
J.S. > La télévision est un exercice très différent du cinéma et en même temps, ça fait appel à des compétences très classiques de l’assistant.
Tout d’abord, TOUT VA PLUS VITE ! Ça va même très vite. La préparation est plus courte et les journées de tournage plus chargées. Il faut être très organisé, très réactif, très à l’écoute et beaucoup anticiper : avoir toujours un plan d’avance, une séquence d’avance… Une semaine d’avance même si possible.
En plateau, il faut être ultra efficace, bien choisir l’ordre de tournage des plans, proposer des solutions au réal et au chef op pour « rentrer la journée ». Il faut imposer à toute l’équipe un rythme soutenu, ce qui n’empêche absolument pas de travailler dans la bonne humeur mais les temps morts doivent être vite identifiés et abolis. Le langage au plateau doit être efficace et vite compréhensible par tout le monde. Ça laisse moins de temps à la réflexion et à la recherche. Les placements de figuration, par exemple, ont plutôt intérêt à être efficaces dès les premières prises puisqu’il n’y en aura pas beaucoup pour se rattraper. Inutile de préciser qu’il y a souvent peu de répétitions…
La série, c’est assez spécifique je crois. Certains membres de l’équipe sont parfois là depuis longtemps. Ils ont leurs habitudes de travail et des méthodes éprouvées. Il faut donc savoir s’adapter à une méthodologie déjà établie et en même temps, rester vigilant et parfois savoir bousculer les habitudes dans une certaine mesure.
On n’est pas, comme dans le cas du long-métrage, dans la fabrication d’un film « prototype »… Il y a des codes, des demandes de la chaîne, des attentes de téléspectateurs, des habitudes de comédiens récurrents. Il faut en être conscient.
En comparaison avec un long-métrage de cinéma, en particulier dans le cas des films d’auteurs, la télévision est une école du réalisme économique.
Il y a beaucoup plus de pression à la rentabilité et les demandes du réalisateur sont toujours mises en regard des attentes de la chaîne. Du choix des comédiens à la validation des décors, les processus de validation sont plus complexes et les décisions sont parfois frustrantes. Le tournage n’échappe pas à cette règle : grosse pression sur le respect des horaires, nombreuses décisions guidées en priorité par des impératifs économiques. Certains combats ne peuvent pas être menés.
La contrepartie de tout ceci, c’est une structure solide. Les conditions financières sont claires, le cadre légal précis et omniprésent. Quand on annonce à l’assistant les dates de tournage d’un téléfilm ou d’un épisode de série, il est rare que ça bouge beaucoup… Un report d’une semaine ou deux peut-être mais il me semble qu’il n’arrive pas, comme en long-métrage, qu’on décale les tournages de 6 mois, 1 an. On peut aussi être appelé à la dernière minute pour commencer la préparation d’un téléfilm ou au contraire prévoir, des semaines ou des mois à l’avance de tourner les épisodes de fin de saison d’une série. Dans tous les cas, les choses se font, on est face à des machines bien huilées et à de gros enjeux pour les prods et les chaînes.
Aujourd’hui, je trouve un certain équilibre dans l’alternance entre cinéma et télévision. Le cinéma reste ma passion première car la liberté y est plus grande et la vision du réalisateur peut s’exprimer avec plus de force. Tout ça peut aussi donner aux équipes une énergie très particulière et ça permet à l’assistant, je crois, de pousser son travail plus avant. D’un autre côté, la télévision offre une occasion d’explorer d’autres facettes de mon métier, une sorte d’exercice de style autour des fondamentaux : efficacité, anticipation, rapidité de réflexion. Ce n’est pas forcément ce que le métier d’assistant offre de plus excitant mais ça fait partie du job. Et puis, bien entendu, la fiabilité et la vitalité des plannings de téléfilms me permettent de rebondir face aux aléas d’un planning de long-métrage parfois fragile sur lequel je m’engage généralement sur de très longues périodes…
ARA > Le premier assistant réalisateur a-t-il le droit de dire non ?
J.S. > On a toujours le droit de dire non. Encore faut-il avoir essayé avant ! En tout cas, c’est mon point de vue. Le réalisateur demande quelque chose de très compliqué ? On essaie. Il demande quelque chose au dernier moment alors qu’il aurait dû/pu y penser avant ? On essaie quand même. Il a changé d’avis ? On essaie toujours. À ce moment-là, l’assistant est le garant de la liberté de création du réalisateur.
Bien entendu, si une demande n’est pas raisonnable et qu’elle risque de mettre des techniciens ou artistes en position trop précaires ou dangereuses ou si la production s’y oppose fermement, on a évidemment le droit d’expliquer au réalisateur que sa demande ne pourra pas être satisfaite. Mais avant d’en arriver là, il faut, à minima, s’être sincèrement posé la question de la pertinence et de la faisabilité de la chose en faisant abstraction du stress, de la fatigue et de l’agacement. Face aux demandes des autres chefs de postes, la réaction doit être la même dans la mesure où les demandes servent le film.
Enfin, selon la situation, c’est aussi le devoir de l’assistant d’expliquer au réalisateur que ses demandes et ses choix ont toujours un coût, qu’il soit financier, humain ou en termes de temps. Au quotidien sur le plateau…
ARA > Quelle est la première journée de tournage idéale ?
J.S. > Ça dépend évidemment beaucoup du film et du réalisateur. Tout le monde n’a pas envie de commencer par la même chose et le réalisateur doit avoir son mot à dire là-dessus. Comme ce par quoi on peut finir.
J’ai quand même tendance à penser que, quand c’est possible, il est intéressant de commencer par une journée un peu « technique » et compliquée en apparence, à condition qu’on soit en mesure de la préparer parfaitement…
Je crois qu’il est préférable de ne pas avoir trop d’enjeux sur la comédie dès le premier jour car il faut du temps au réalisateur et aux comédiens pour se trouver, se comprendre. Une mise en jambe est souvent la bienvenue.
Du coup, si je peux mettre en place une journée avec un dispositif technique un peu complexe ou avec pas mal de figuration ou simplement un plan séquence difficile mais très excitant, je la prépare à fond avec toutes les équipes concernées.
Si on réussit cette journée, l’effet sur l’équipe est ultra bénéfique car on a réussi quelque chose de difficile dès le début. On devient tous soudés dès le démarrage et prêts à affronter tous les obstacles du tournage. Cette confiance collective de l’équipe, il faut en tout cas l’installer le plus tôt possible dans le tournage.
ARA > Quand une journée « dévisse » à cause de nombreux imprévus, quelle est ta stratégie ?
J.S. > Tout d’abord, essayer de garder les idées claires. Ne pas se laisser submerger par le stress et réfléchir clairement à ce qui se passe. Je pense à ce que j’évoquais plus haut : on n’est pas là pour sauver des vies, je ne peux pas tout maîtriser tout seul, tous les problèmes ne peuvent pas être anticipés ou réglés en un instant.
Ensuite, il faut se poser les bonnes questions et réagir en fonction. Qu’est-ce qui va de travers ? Est-ce un facteur extérieur à l’équipe ou un facteur humain au sein de l’équipe ? Le problème est-il lié à l’organisation de la journée ? Est-ce qu’il y a un moyen de réorganiser le planning pour laisser passer l’orage et revenir plus tard sur la séquence, le plan qui pose problème ? J’essaie de rester objectif. Il faut se méfier de l’excès d’optimisme qui, selon le caractère qu’on a, peut être un refuge dangereux en cas de crise.
D’une manière générale, je crois qu’il ne faut pas essayer de courir systématiquement quand on est en retard. Parfois, s’arrêter pour prendre le temps de faire un point sur le découpage et les enjeux de la suite de la journée est le meilleur moyen de trouver la bonne solution.
J’implique aussi la production. C’est essentiel ! Encore une fois, l’assistant ne peut pas tout régler tout seul. Même si le dérapage vient d’un problème d’organisation de la journée ou de gestion du plateau, il ne faut pas se cacher derrière son petit doigt. Il y a un problème et il faut le régler. Si celui-ci engendre des heures supplémentaires ou un report de séquence, le directeur de production doit donc être informé de la situation et participer aux décisions.
ARA > Le rôle précis du directeur de production et du réalisateur dans ces cas-là ?
J.S. > Pour le directeur de prod, je l’évoquais juste avant, il doit être impliqué dans les décisions à prendre. Pas question de prendre, seul, la responsabilité si les choses vont mal. Le directeur de prod, qui a plus de recul sur la situation, aidera sûrement l’assistant à prendre de meilleures décisions et, de toute façon, si ces décisions ont un impact financier, il est le seul habilité à les valider.
Les choses sont différentes pour le réalisateur. Pour celui-ci, une journée qui dérape, c’est des plans, des séquences, des enjeux de son film qui sont en danger. Certains feront preuve d’un grand sang-froid et proposeront naturellement des solutions (changer d’axe, changer l’ordre de tournage, modifier la mise en scène en fonction des contraintes…). C’est l’idéal pour nous mais ce n’est pas toujours le cas. Certains se tourneront plutôt vers l’assistant et lui demanderont de proposer des solutions ou tout simplement de régler l’imprévu rencontré avant de continuer le tournage sans rien changer.
C’est plus difficile pour le réalisateur d’avoir du recul. Son exigence et sa concentration sont primordiales pour le film. Il faut, évidemment, l’informer si un imprévu ou un problème quelconque se met en travers de ce qu’il veut mettre en œuvre mais s’il n’est pas en mesure de proposer de solution, il va falloir trouver une autre issue. S’il n’y en a pas, si la journée est vraiment en péril et que le réalisateur ne propose toujours pas de solution, la discussion sur les répercussions doit avoir lieu en présence du directeur de production.
ARA > Le truc qui t’insupporte quand tu travailles sur la feuille de service au plateau ?
J.S. > Tout… ;) Et je dois bien le reconnaître, je torture un peu mes seconds avec la feuille de service.
Je la garde dans la poche, j’y jette un oeil puis la remets dans ma poche… J’y mets quelques notes, quelques horaires puis je la remets dans ma poche… Il faut être têtu pour me la soutirer.
C’est un exercice assez complexe de réfléchir précisément et en détail à la journée du lendemain quand on est en train de mettre en place la journée qui démarre mais il faut s’y plier. J’essaie d’avoir toutes les journées de la semaine bien en tête avec les enjeux essentiels histoire de gagner du temps en plateau.
Il y a quand même une chose en particulier qui m’agace, c’est quand la production remet en question les estimations des diverses équipes. Si le temps de prépa demandé par un corps de métier dépasse l’heure traditionnelle, mon second ou moi nous chargeons de vérifier la nécessité et les enjeux avec les équipes concernées. Je crois que c’est notre travail. Au final, je fais confiance à la conscience professionnelle et à l’expertise de chacun. Passer la journée à négocier les temps de prépa du lendemain avec la production est quelque chose d’assez néfaste pour la concentration en plateau. Ça n’arrive pas tout le temps mais j’ai déjà vécu ça et c’est assez pénible…ARA > Comment gères-tu une équipe image qui prend un peu trop de temps ?
J.S. > LA grande question. Je crois vraiment au travail d’équipe. Profondément. Un plan de travail se construit en concertation avec toutes les équipes. Une journée chargée doit se discuter avec tous et en particulier avec le chef opérateur et l’équipe image.
Certains auront tendance à dire que le temps, c’est le problème de l’assistant, c’est faux ! C’est le problème de tout le monde ! Si on néglige le facteur temps, c’est le film qu’on met en danger.
Première chose sur ce sujet : il faut communiquer un maximum et en amont, s’assurer que chacun a compris les enjeux, écouter quand le chef opérateur répond que ce n’est pas possible. Si ce dernier par exemple vous annonce un certain temps pour éclairer un décor ou que le temps des changements d’axes sera long, il vaut mieux l’écouter… Ça ne sert à rien de dire que ça rentre si tout le monde vous a dit que c’est impossible. Si le temps que vous soumettez à l’équipe image ne leur paraît pas raisonnable, il faut, en prépa, analyser la raison pour laquelle ça coince puis en fonction de votre marge de manœuvre, rajouter du temps ou impliquer le réalisateur pour changer un des paramètres pour que l’estimation redevienne crédible : ajuster la mise en scène ou l’ambition visuelle de la séquence par exemple.
Évidemment, on ne peut pas tout prévoir et tout le monde peut se tromper. Parfois le temps s’étire et tout semble prendre un temps infini. Encore une fois, il faut communiquer. Pourquoi est-ce plus long que ce qu’on s’était dit ? De combien de temps avez-vous besoin ? Dans ce cas, j’implique aussi le réalisateur, je fais en sorte que la question d’une simplification du dispositif soit posée. Le réalisateur est le seul à pouvoir demander à ce que le chef opérateur fasse quelque chose de plus simple et il ne le fera que si vous lui expliquez ce qui est en jeu. Je crois que ce n’est pas à l’assistant de dire à un chef opérateur à quel moment la lumière est prête ou que ses propositions de plans sont trop compliquées pour le temps dont on dispose. Nous ne sommes pas des directeurs artistiques et notre position de gardien du temps nous pousse parfois à être de mauvais conseillers dans ce domaine.
Si j’identifie des dysfonctionnements dans l’équipe image, c’est une autre affaire. Plus largement, si l’organisation du travail au plateau au sein d’une des équipes n’est pas optimale et si cela empiète un peu trop sur l’espace de travail du réalisateur, générant ainsi malentendus et inerties en tout genre, nous nous devons d’intervenir.
Dans ce cas, je parle aux uns ou aux autres de manière transparente mais si possible en dehors du plateau.
Pointer des dysfonctionnements spécifiques en plateau, ça met les techniciens dans une position inconfortable vis-à-vis du reste de l’équipe et des comédiens. Ce n’est pas judicieux.
Par ailleurs, faire ça à l’extérieur du plateau permet généralement une conversation plus apaisée durant laquelle chacun pourra expliquer sa vision du problème ouvertement. Et d’ailleurs, peut-être que j’ai ma part de responsabilité dans le problème identifié !? Un assistant doit pouvoir l’entendre.
ARA > Un mot sur ta relation avec le scripte ?
J.S. > Un poste extrêmement important et paradoxalement en danger ! J’ai vu beaucoup de cas où l’on évoque l’idée de se passer de scripte. Un ou une bon(ne) scripte, c’est un atout majeur sur un film. C’est le premier spectateur et il faut bien se rappeler qu’on fait des films pour qu’ils soient vus mais aussi compris. L’assistant est un allié essentiel du réalisateur mais il manque souvent de recul une fois que le tournage a démarré. La gestion du plateau nous obligeant souvent à nous écarter de notre réalisateur. Celui-ci a besoin d’un interlocuteur disponible à plein temps, attentif et libre autant que possible des contingences de la fabrication. C’est là qu’intervient le scripte.
Pour ma part, je le(la) sollicite toujours quand je me pose une question sur la pertinence de telle ou telle proposition très chronophage pour être sûr que mon analyse n’est pas biaisée par mon désir de tenir les temps de tournage. C’est aussi un bon allié pour comprendre ce qui ne fonctionne pas dans un plan quand tout le monde est très concentré sur sa partie du problème.
Sur cette question, j’invite les lecteurs à lire un de vos articles à ce sujet : Fausse bonne idée n°1 : Ne pas prendre de scripte ! ARA > Et ta collaboration avec le régisseur général ?
J.S. > Elle est cruciale ! Tout au long de la préparation et du tournage, notre binôme est quelque chose de précieux auquel je suis très attaché. Ça me fait toujours un drôle d’effet quand le tournage commence et que soudain, mon camarade régisseur général se retire du plateau pour gérer d’autres problèmes.
Après plusieurs semaines en prépa à partager ensemble les questionnements sur la meilleure manière d’organiser les journées, le tournage est lancé et le travail se répartit le plus naturellement du monde, en symbiose. Tandis que je suis à la face à mettre en oeuvre au jour le jour avec l’adjoint et le reste de l’équipe régie ce qui a été pensé en amont, lui (ou elle) se charge de continuer à anticiper les problèmes à venir que la prépa n’a souvent pas permis de régler. En clair, il « démine » les journées à venir.
Après, tout n’est pas toujours rose. On sollicite beaucoup la régie, du coup, ils absorbent une pression phénoménale et ont des journées à rallonge que personne ne partage sur un tournage. La multitude de demandes sans fin que l’assistant transmet à l’équipe régie sont autant de raisons de générer de la tension entre le régisseur général et le premier assistant. Je privilégie, là aussi, la communication. Ne jamais laisser un malentendu s’installer. Être clair sur ce qui motive les demandes, être clair aussi quand on a un reproche à exprimer sur quelque chose ou quand on se sent seul pour mener un combat.
ARA > Quel logiciel utilises-tu pour ton travail préparatoire ?
J.S. > Movie Magic Scheduling… Depuis que j’ai commencé, c’est le seul logiciel spécialisé que j’ai assidûment pratiqué. Mon chef l’utilisait et il m’a appris les bases. Je me suis ensuite perfectionné tout seul en fouillant à gauche à droite et en échangeant avec mes seconds.
J’ai fait une fois un film avec Outlook Movie et je n’en garde pas un souvenir passionné. Plutôt déstabilisant de travailler sur un dépouillement en ligne. Je préfère largement mettre en place un système du type Dropbox avec mon équipe pour partager les infos.
J’ai essayé une fois d’ouvrir un fichier Movie Data et je n’ai rien compris à son architecture ! Je l’ai vite refermé ! :) Il faudra peut-être que je m’y mette un jour. Le pré-dépouillement automatique semble être un gain de temps phénoménal…
Pour conclure.
ARA > Que dirais-tu aux assistants réalisateurs qui font ce métier pour être réalisateur ?
J.S. > Ce n’est pas mon cas ou en tout cas, ça ne l’est plus. Par conséquent, je ne sais pas trop ce que je peux leur faire comme commentaire ou recommandation. De ce que j’en sais, de ce qu’on m’en a rapporté, je crois qu’il faut être très attentif à ce moment charnière qui peut survenir où le besoin de réaliser est tellement fort qu’il devient compliqué de concilier les deux. Encore une fois, selon moi, être assistant, c’est se mettre au service d’un réalisateur et de sa vision. Il faut être disponible (dans sa tête) pour y parvenir.
ARA > Tu dois recevoir beaucoup de sollicitations de la part de consoeurs et confrères pour rejoindre ton équipe. Comment gères-tu cela ? Pas trop frustrant de ne pas pouvoir répondre à tout le monde ?
J.S. > C’est assez complexe à gérer en effet. « Mon chef », quand il m’a formé et m’a pris dans son équipe, m’a un peu transmis l’idée qu’une équipe, c’était quelque chose qui se construit dans la durée, qui se transmet avec le temps. On monte en grade, on se refile du travail quand on passe à l’étape supérieure etc.
J’aime beaucoup cette idée mais pour pleins de raisons, avec le temps, j’ai finalement eu l’occasion de travailler avec pas mal de personnes différentes. On s’apprécie, on se connaît, on travaille bien ensemble et, selon le projet, les expériences qu’on a eu ensemble, selon ce que j’attends de mon équipe en fonction du projet ou tout simplement selon leurs disponibilités, je fais appel aux uns ou aux autres. C’est toujours un moment délicat mais c’est ainsi.
Les sollicitations de nouvelles personnes sont d’autant plus délicates à gérer. Pendant longtemps, j’ai rencontré toutes les personnes qui me sollicitaient. Je trouve normal d’accorder un peu de temps a quelqu’un qui fait la démarche de vous contacter. Quand je débutais, j’aurais beaucoup aimé rencontrer des assistants pour rejoindre leur équipe ou simplement recueillir des expériences et des conseils. C’est aussi dans cette idée-là que j’ai voulu participer à ARA. Malheureusement, il y a déjà pas mal de gens avec qui je travaille et avec qui j’ai une collaboration fructueuse. Par ailleurs, j’ai de moins en moins de temps libre et de plus en plus de sollicitations. Je ne peux donc pas rencontrer tout le monde et ça me désole. Je garde précieusement toutefois tous les CV qu’on m’envoie ! Si quelqu’un à qui je n’ai pas répondu lit cet entretien je lui présente toutes mes excuses… :)
ARA > Tu viens de rejoindre l’AFAR, il y a quelques semaines, pourquoi et qu’attends-tu de cette association ?
J.S. > Simplement parce que j’ai pensé qu’il était temps et parce qu’en en parlant avec un des membres qui m’a parrainé, j’ai senti que désormais j’en avais envie. Ça fait plus de 10 ans que je suis assistant réalisateur, j’ai plus confiance en moi qu’avant et j’ai envie de défendre ce métier, de participer à propager une certaine vision de l’exigence qu’il requiert. C’est aussi une occasion d’élargir mes horizons, de rencontrer d’autres assistants plus expérimentés, de continuer d’apprendre mon métier, de progresser et de m’installer durablement. C’est tout nouveau donc je ne sais pas exactement quelle forme ma participation à l’association prendra mais je suis curieux et assez impatient.
ARA > Justinien, merci infiniment pour le partage.
J.S. > Merci à vous ! Longue vie à l’ARA ! :)
AFAR Justinien Schricke
IMDB Justinien Schricke
UNIFRANCE Justinien Schricke
Crédit photos : Matthieu Ponchel