Assistant.e.s mise en scène : Comment débuter dans le métier ?
Au fil des rencontres avec les futur.e.s assistant.e.s à la mise en scène, une question revient souvent : Comment débuter dans le métier ? Il n’y a pas de voie toute tracée ou de solution miracle, malheureusement. À la sortie d’une formation, d’une école ou en reconversion professionnelle, vous avez enfin la théorie, mais il manque une chose : la pratique ! Comment espérer vous professionnaliser rapidement et être enfin au sein d’un tournage ? Voici nos conseils pour mettre un premier pied dans le cinéma et l’audiovisuel.
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Se tenir informé
Cherchez continuellement les annonces et les tournages. Il y a pléthore de moyens pour cela :
– Les sites internet spécialisés, Le Pôle Emploi, LinkedIn, Unifrance, Cineaste.org, Crew United, le forum ARA, etc. Arpentez le net et faites de la veille. Malheureusement, c’est toujours le premier arrivé qui sera le premier servi.
– En région, vous pourrez trouver des informations sur les tournages dans votre localité via leurs sites internet, alors contactez les productions qui viennent par chez vous ! Inscrivez-vous dans le Bureau des Tournages ou demandez conseil à la Mission Cinéma de votre région. Manquer d’expérience est une chose, mais être fiscalement d’une région peut-être un plus non négligeable ! Notre page d’aide est sur ce lien.
– Facebook, Instagram et autres réseaux sociaux, une annonce passera toujours via vos relations et celles de vos amis. Il faut être réactif et pouvoir envoyer son CV rapidement. Toujours par ce biais, allez chercher les noms que vous avez pu voir dans des génériques de films et écrivez à ces personnes directement afin de leur parler, de leur demander des conseils : créez le contact et pourquoi pas proposez une rencontre autour d’un café.
– Les événements en lien avec le cinéma. Forums, projections, soirées, rencontres… Il faut que vous étendiez votre réseau et que vous vous fassiez connaitre. Allez au contact des équipes et des personnes sans crainte. Présentez-vous puis relancez les gens rencontrés par la suite via leurs mails.
– Faites-vous connaitre : Postez votre CV sur les annuaires professionnels et tenez-le à jour. Créez ou actualisez votre fiche IMdB. -
La régie ou la figuration comme porte d’entrée ?
En effet, ce sont des postes plus accessibles de part leurs nombres d’offres et leurs niveaux d’expériences requises. Sans dénigrer l’un ou l’autre, il est bien plus simple de se faire recruter à ces postes-là pour ensuite bifurquer en mise en scène ou dans d’autres métiers.
– En régie : Vous pouvez vite vous retrouver à travailler si vous avez un permis, une voiture ou tout simplement de la jugeote. Renforts, bloqueurs, auxiliaires de régie… les postes en recherche de main-d’œuvre ne manquent pas. Rendez-vous indispensables et votre téléphone sonnera pour d’autres tournages. Vous y apprendrez que toutes les décisions importantes passent souvent par la régie. Voir comment ça se passe en coulisse vous apprendra beaucoup sur l’organisation, la logique d’un plateau, l’esprit pratique et la philanthropie (sans oublier la gestion de la fatigue ! ).
– La figuration : vous permettra d’être en contact direct avec les techniciens d’un tournage et d’observer comment se déroule une journée de travail. Si tout se passe bien, vous serez recontactés et vous pourrez toujours glisser un CV ou vous faire connaitre de nouvelles équipes en allant discuter avec elles. Au moins, vous saurez comment vous comporter vis-à-vis des figurants quand vous aurez des séquences de figuration à gérer. Vous pouvez aussi assister à des émissions de télé dans le public si l’univers de la petite lucarne vous passionne ! Faites l’expérience, c’est assez intéressant. -
Les clips et courts-métrages
Ne visez pas trop gros pour vos débuts, Steven Spielberg et Peter Jackson ne feront jamais appel à vous de suite ! Il n’est cependant pas impossible de se retrouver au sein d’un gros tournage. Les longs métrages ou les publicités demandent des CVs fournis et une certaine expérience du terrain. Pour débuter au poste que vous souhaitez pratiquer, vous pouvez surtout faire vos armes sur des projets plus abordables comme les clips et les courts-métrages. Il s’en tourne des centaines tous les ans. Les opportunités sont nombreuses : Le Nikon Film Festival (2000 films tournés tous les ans), les 48hours Film Project, Les Kinos, Les films d’écoles (Fémis, ESRA, etc.). Et je ne parle même pas des tournages autofinancés qui se lanceront après dans les festivals ou sur internet. Il y a forcément quelque chose proche de chez vous. Attention, souvent ces tournages-là seront non rémunérés, bénévoles (dans un cadre associatif), en participation ou au mieux défrayés (repas, transport, hébergement, frais divers…). Ne vous affolez pas en pensant que vous vous faites arnaquer, car personne de l’équipe n’est payé sur ces projets. Les seules récompenses immédiates qu’il y a à trouver seront de l’expérience et de nouvelles rencontres. C’est aussi une possibilité de se créer une « famille de cinéma » qui vous recontactera par la suite pour d’autres projets plus gros et sûrement payés !
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Éviter les erreurs
– Par mail : Évitez les listes de mails et envois massifs groupés. Personnalisez votre envoi en sachant à qui vous écrivez. Dites-vous que la personne que vous contactez reçoit beaucoup de demandes. Sortez du lot, il faut être clair et concis.
– Par téléphone : Attention, pas tout le monde aime être démarché par ce biais. Précisez toujours comment vous avez eu le contact. Privilégiez peut-être le SMS à un appel. Présentez-vous rapidement et assurez-vous que vous ne dérangez pas votre interlocuteur. Cette méthode reste la plus intrusive et peut être à double tranchant…
– Lors d’une rencontre : Ne soyez pas dans la demande flagrante. Nous cherchons tous du travail peu importe notre expérience. Intéressez-vous plutôt au parcours de la personne que vous avez invité. Soyez naturel, posez des questions, soyez curieux et à l’écoute. Nous adorons parler de nos métiers et des anecdotes qui vont avec. Prenez des notes, ça montrera d’autant plus que vous êtes sérieux et appliqués.
– Sur votre CV : Évitez les fautes d’orthographe ! Sachez accorder le terme « Assistant réalisateur » comme il faut : Assistant s’accorde avec votre genre, Réalisateur s’accorde en genre et en nombre avec celui du/de la/des réalisateur.trice(s). Si vous voulez simplifier, vous pouvez aussi mettre « Assistant mise en scène » ça marche aussi. Optez pour une mise en page claire. Ne mettez que les bonnes indications dessus, quitte à avoir plusieurs CVs si vous êtes multitâches, mais comprenez qu’une expérience de monteur vidéo ne va pas forcément être utile pour travailler en mise en scène ! Donc n’encombrez pas votre CV inutilement. Il faut que la personne qui le reçoit comprenne directement qui vous êtes. N’oubliez pas d’indiquer les noms de vos chefs de postes sur les différents projets et le grade que vous aviez.
– Sur les réseaux sociaux : Certains estiment que ce n’est pas le bon canal, d’autres n’y voient pas d’inconvénients. N’allez donc pas au contact frontalement et venez plutôt à pas de loup. On évite le tutoiement, on préfèrera un seul message synthétique plutôt que d’en recevoir une multitude en mode chat !
– Ne pas tout accepter : Jaugez bien les projets que l’on vous propose, informez-vous sur les gens ou les productions. Être pris de partout ne veut pas dire que vous êtes le meilleur dans votre domaine, mais que vous êtes le seul à accepter des conditions que d’autres ont pu refuser. Donc, ouvrez l’œil et ne devenez pas un.e « yes-(wo)man ». Dire oui à tout et surtout n’importe quoi peut vous desservir et vous donner mauvaise réputation. Connaissez vos droits. Discutez du projet avec l’équipe. Ne foncez pas tête baissée.
Mais surtout : Persévérer et ne pas désespérer !
Il y a autant de solutions possibles qu’il y a de candidats et chacun aura son chemin et sa propre voie. Si certains ont la chance de trouver une opportunité de stage ou de travail de suite, c’est généralement parce qu’ils étaient au bon endroit au bon moment. Donc ne désespérez pas, votre chance viendra aussi, il ne faut pas baisser les bras.
Dans tous les cas, tenez votre CV à jour, il doit être prêt à être envoyé à tout moment. Si vous êtes encore dans les âges, sachez que votre Mission Locale ou le Pôle Emploi peuvent vous délivrer des conventions de stages, renseignez-vous. Les métiers de l’audiovisuel et du cinéma sont exigeants et particulièrement précaires. Les places sont chères, mais pas aussi inaccessibles qu’on pourrait le penser. Pour y accéder, soyez volontaires, curieux et surtout passionnés ! Gage de votre pérennité dans ces milieux. Le tout avec le sourire bien entendu.
Bon courage à tous !
Pour compléter votre lecture, voici une liste d’articles qui peuvent s’avérer utiles :
- Les guides pratiques : conventions collectives, éco-production, intermittence, santé, sécurité, « VHSS »
- Faut-il accepter de travailler gratuitement ?
- Cadre juridique du recours aux stagiaires en entreprise
- Calculer le montant de la gratification minimale d’un stagiaire (Simulateur)
- Précis de la bienséance sur un plateau de tournage
- L’art de se placer sur un plateau de tournage
- Quid du CV de l’assistant réalisateur ?
- Le parfait kit de l’assistant réalisateur
- 13 astuces pour être convaincant en repérage !
- Les points clés à relever lors d’un repérage
- Les 7 erreurs de l’assistant réalisateur
- Comment mettre à jour son IMdB ?
Crédit photo : Illustration > Mikhail Nilov – Couverture > movieproprentals / Les Films des Tournelles – Pathé – Studio 37
Ont contribué à l’article : Victor Baussonie, Hélène Dubouchaud, Liz Vogel, Marion Bry